- détoner
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• 1680; lat. detonare, de tonare « tonner »♦ Exploser avec bruit (par combustion rapide, réaction chimique violente, détente d'un gaz) et avec une grande vitesse de décomposition. Faire détoner un mélange gazeux. ⊗ HOM. Détonner.détonerv. intr. Exploser bruyamment.⇒DÉTONER, verbe intrans.Émettre en un temps très bref un bruit plus ou moins violent qui rappelle celui du tonnerre. Faire détoner un explosif, un mélange. Faire détoner de la poudre (Ac. 1932). Les vins activés détonent, éclaboussent, puis meurent (HAMP, Champagne, 1909, p. 151) :• ... pour ces chimistes inconnus, la dynamite était une matière innocente, bonne seulement pour détruire des fourmilières, et ils considéraient comme un jeu puéril de faire détoner la nitroglycérine au moyen d'une amorce de fulminate de mercure.FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 412.— P. compar. ou p. métaph. Se produire très brusquement. Détoner comme une bombe. Soudain, de vieilles chicanes détonaient comme des bombes (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 95).Prononc. et Orth. :[
], (je) détone [
]. Ds Ac. 1798-1932. LAND. 1834 écrit détonner avec 2 n, p. anal. avec tonner et pour distinguer le verbe de son homon. terme de mus. qui signifie « sortir du ton » et qu'il écrit détoner avec 1 n alors qu'il s'écrit aujourd'hui avec 2 n. DUPRÉ 1972, pp. 677-678, fait la différence entre détonner « phénomène naturel » comme tonnerre, et détoner (et dér.) « explosion provoquée artificiellement »; il souligne l'absurdité d'écrire avec 2 n les termes de mus. détonner, entonner (et leurs dér.), alors que intonation, tonal, tonalité ne prennent qu'un seul n; il ajoute, pour illustrer l'embarras dans lequel met l'hésitation entre 1 ou 2 n, un vers de Verlaine sur lequel on ne finit pas de discuter : Sur le bois jaunissant où la bise détone; d'apr. J. Hanse, Verlaine ne pouvait vouloir dire que la bise chante faux, mais tout simplement qu'elle éclate brutalement; mais après tout la mode sera bientôt aux dissonances (avec 1 n!), Debussy n'est pas loin. Homon. détonner. Étymol. et Hist. 1679 détonner (RICH.). Empr. au lat. class. detonare « tonner fortement ». Fréq. abs. littér. :23.
DÉR. Détonnement, subst. masc. Bruit provoqué par ce qui détone. À travers le mugissement, le beuglement et le détonnement de l'Océan et de la tempête, le navire tremble (BAUDEL., Histoires extraordinaires, trad. de E. Poë, 1856, p. 220). — 1re attest. 1611 (COTGR.); du rad. de détoner, suff. -(e)ment1.détoner [detɔne] v. intr.❖♦ Exploser avec bruit (par combustion rapide, réaction chimique violente, détente d'un gaz, etc.) et avec une grande vitesse de décomposition (de l'ordre du km/s au moins). || Faire détoner un mélange gazeux.1 En le faisant détoner (le salpêtre), on le voit souffler son propre feu, comme le ferait un soufflet étranger.2 Cyrus Smith aurait certainement pu fabriquer une amorce. À défaut de fulminate, il pouvait facilement obtenir une substance analogue au coton-poudre, puisqu'il avait de l'acide azotique à sa disposition. Cette substance, pressée dans une cartouche, et introduite dans la nitro-glycérine, aurait éclaté au moyen d'une mèche et déterminé l'explosion.Mais Cyrus Smith savait que la nitro-glycérine a la propriété de détoner au choc.J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 229.❖DÉR. Détonant, détonateur, détonation, détonique.HOM. Détonner.
Encyclopédie Universelle. 2012.